Suite à notre dernier article traitant de l'histoire et de la fonction des muserolles que vous pouvez consulter ici, nous avons décidé d'approfondir ce vaste sujet. Les muserolles sont associées aux embouchures avec lesquelles on équipe nos chevaux. Celles ci sont elles mêmes des pièces maîtresses de ce que l’on appelle le bridon ou le filet. Elles peuvent avoir différentes formes, tailles, mais surtout différentes spécificités. Leurs actions dépendent bien entendu de la main du cavalier, cependant il faut être vigilant face au choix d’une muserolle afin de permettre au cheval de se livrer au mieux.
Comment choisir la muserolle de son cheval ? En quoi les différents modèles de muserolles ont-ils des actions qui vont avoir une incidence sur l’attitude du cheval ? Pourquoi certains cavaliers n'emploient jamais de muserolle, tandis que d’autres en feront systématiquement l’usage ?
Cet accessoire suit les évolutions du marché du matériel d’équitation : de nombreux nouveaux dispositifs ont fait leur apparition. Equirodi vous propose un petit tour d’horizon des muserolles, et de plusieurs points à savoir avant de faire votre choix !
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Les principaux modèles de muserolles
Nous allons nous pencher sur les modèles classiques de muserolles, pour ensuite évoquer des modèles conçus plus récemment faisant suite à des recherches entre cavaliers et fabricants. Par ailleurs, et cela correspond à une expérience commune à de nombreux cavaliers : les muserolles auxquelles on songe sont celles que nous avons ajustées sur les chevaux et poneys de club grâce auxquels nous nous sommes initié(e)s aux joies de l’équitation !
La muserolle française
Ce modèle de muserolle est le plus répandu chez nous. Les chevaux d’école justement, en sont majoritairement équipés. Cette muserolle peut être celle que l’on qualifierait de plus neutre. Simple à ajuster (doit tomber à deux travers de doigts de l’apophyse zygomatique), elle ne doit cependant pas être trop serrée, sous peine de fortement gêner le cheval. Elle se fixe au dessus du mors, et passe sous les montants de filet. Elle constitue également la première muserolle que l’on doit proposer à un jeune cheval en plein apprentissage. Nous y reviendrons plus loin, mais la muserolle française est le point de départ de la muserolle combinée. Les muserolles françaises sont majoritairement en cuir, mais peuvent également être en corde, ou en synthétique (si le bridon est en synthétique). Enfin, cette muserolle peut être en mode “pullback”. C’est à dire que l’on va faire coulisser le passant de muserolle dans une boucle, avant de le fermer.
La muserolle allemande
Cette muserolle peut rappeler quelques souvenirs aux cavaliers ayant effectués leurs débuts en équitation sur des shetlands… Parfois fripons, mais surtout très malins, les shetlands sont souvent équipés de muserolles allemandes. Leur bouche étant fermée plus bas (sous le mors, et juste sous la commissure des lèvres), cela les empêche de par exemple changer inopinément de direction, pour aller se jeter sur le bac à pain/carottes/pommes typiquement situé à proximité du manège :-). Cette anecdote fait bien entendu figure de clin d’oeil humour, essayons maintenant de comprendre l’utilisation de la muserolle allemande chez les chevaux. Cette muserolle empêche le mors de se balader dans la bouche du cheval. On rencontre fréquemment des chevaux qui en sont équipés, sur des épreuves de dressage durant lesquelles le cavalier déroule sa reprise en filet simple. Au regard du peu de liberté offerte au cheval en terme de mobilité buccale, cette muserolle n’est pas nécessairement utilisée pour les activités équestres relax, ou bien si le cheval doit mettre fortement à contribution ses capacités respiratoires.
La muserolle combinée
La fameuse muserolle qui fait d’ailleurs plus que s’inspirer de la muserolle française… La nuance ? Un noseband ou bout de nez, que l’on va fixer à une boucle en cuir au centre de la muserolle française. Cette fine courroie plate en cuir a pour vocation de limiter l’ouverture de la bouche du cheval, sans se tourner vers une muserolle plus sévère. Elle ne bloque pas les naseaux, donc n’empêche à priori pas le cheval de respirer convenablement, elle passe sous le mors. Cette muserolle est agréable à employer car selon les besoins, qui peuvent être ponctuels, le fait de pouvoir adjoindre ou retirer le nose band est fort appréciable.
La muserolle croisée
Différente à bien des égards des muserolles évoquées plus haut, la muserolle croisée est un dispositif plus délicat à ajuster. Les courroies se croisent au centre du chanfrein, et selon la hauteur, il peut être facile de blesser les apophyses zygomatiques avec les anneaux qui permettent la fermeture haute de la muserolle. La seconde “fermeture” passe normalement au même endroit que le noseband sur une muserolle combinée. Au vu de la conformation de ce modèle de muserolle, un renfort en mouton ou en synthétique est souvent adapté à la partie de la muserolle située au centre du chanfrein. La muserolle croisée agit donc principalement sur le chanfrein, mais aussi sur la mâchoire, tout en limitant au cheval la possibilité d’ouvrir la bouche.
La double muserolle
Nouvelle venue sur le marché de la muserolle, la double muserolle propose en un seul et même dispositif, les actions d’une muserolle française et d’une muserolle allemande. Il serait justement intéressant de nous soumettre vos avis, si parmis vous, quelques unes ou quelque uns utilisent la double muserolle. On la rencontre principalement chez les chevaux de cso.
La muserolle / filet Micklem
Présent sur le marché depuis maintenant plus d’une dizaine d’années, le Micklem est un dispositif particulièrement innovant. Plus de sous gorge partant de la têtière, un seul montant sur lequel mors et muserolle sont fixés, et une têtière d’office anatomique. Equirodi Shopping évoque ce matériel dans cet article, car le Micklem peut aussi bien rentrer dans la catégorie des bridons, que dans celle des muserolles…
La muserolle demi lune
De loin, cette muserolle ressemble un peu à un hackamore. On lui trouve des branches latérales en métal fixées sous la tête du cheval grâce à des lanières en cuir. Chaque branche est réunie en son centre (au milieu de l’arrondi de la branche métallique) par une pièce de cuir, qui traverse le chanfrein. C’est la muserolle demi lune. Cette muserolle fonctionne par effet de levier, lorsque le cheval cherche à ouvrir la bouche. Cet accessoire s’adresse à des personnes éclairées et il s’agit de parfaitement savoir pourquoi on l’emploie. Même si de prime abord on constate que l’action de main du cavalier ne semble pas avoir d’incidence directe sur la muserolle à proprement parler, on peut visualiser l’action de la muserolle demi lune si l’on visualise le cheval qui essaye d’ouvrir la bouche. À ce moment, l’effet levier exercé par les branches va s’activer et aura un impact sur le chanfrein. Indépendamment de la limitation d’ouverture de bouche, cette muserolle a aussi pour fonction de stabiliser le mors (de façon un peu moins précise qu’avec une muserolle combinée ou allemande).
Les accessoires de muserolles
À l’image d’un licol par exemple, on peut associer un ou plusieurs accessoires à la muserolle de son cheval. Notons que certains chevaux ont la peau fine et peuvent avoir tendance à se blesser uniquement en étant au contact de leur matériel. Cela reste heureusement rare, mais si vous constatez des zones où le poil vient à manquer (épisode avant bobo), vous pouvez vous tourner vers des fourreaux en mouton notamment. Simple à mettre en place, et top confort (sous réserve que le fourreau soit PROPRE), il est très simple de se procurer ces objets spécifiques. Un autre dispositif auquel on peut songer : le pad de muserolle. Très proche de celui que l’on peut mettre à une gourmette pour éviter les blessures, le pad s’enfile le long de la lanière qui permet de fermer la muserolle et vient amortir la zone non charnue sur laquelle on ajuste la muserolle.
Quelle muserolle pour quel cheval ?
Idéalement, choisir une muserolle s’effectue en tout premier lieu selon la morphologie de la tête du cheval. La taille et la forme de la mâchoire, la zone et la taille de l’os nasal, le volume et la superficie musculaire au niveau de la mâchoire encore, sont à observer scrupuleusement afin d’orienter le choix du modèle de la muserolle. Il est de notre devoir à nous autres cavaliers, de nous adapter à nos montures et non pas l’inverse.
Si l’on considère l’aspect esthétique, bien des détails peuvent être personnalisés sur un bridon. Pourquoi ne pas axer l’originalité sur un frontal personnalisé ? Ou bien sur une bouclerie dorée plutôt qu’argentée ? Il est également important de bien comprendre ce dont le cheval a besoin en terme de matériel. Si d’aventure vous observez un cheval qui joue avec son mors et que cela n’est pas à mettre en relation avec un défaut de main, mais que cela perturbe le bon déroulement des exercices : oui, il peut être intéressant d’utiliser quelque temps une muserolle combinée. Cela n’est pas nécessairement une alternative définitive, il peut être question d’un coup de pouce momentané.
Cette remarque vaut pour la plupart des muserolles justement, et pour l’équitation en général. Comprenons à travers ces lignes, que la remise en question et l’évolution du cheval dans son travail ainsi que dans les exercices, peut épisodiquement nécessiter l’utilisation de certains accessoires, pour ensuite passer à des mécaniques plus simples ou complexes (l’art du “cas par cas”).