Dorsalgies, raideurs musculaires et/ou articulaires, tels peuvent être les inconforts notoires ressentis par de nombreux cavaliers. Les sources de ces maux peuvent être aussi diverses que variées, et parfois on peut avoir tendance à laisser traîner. Faute de temps, douleur présente mais pas trop prononcée, les prétextes sont légion pour ne pas prendre le temps de s’occuper de soi. Pour dissiper toute équivoque, cet article ne se veut pas porteur de vérités immuables, mais plutôt de pistes de traverse et d’astuces. Commençons par observer les zones douloureuses le plus souvent évoquées.
Où se localisent majoritairement les douleurs ?
Le dos de l’être humain est complexe, au moins autant que celui du cheval. Par chance, l’Homme peut s’exprimer et témoigner verbalement, ce qui constitue déjà un bon départ.
Il y a des personnes qui de manière récurrente souffrent dans le bas du dos (zone lombaire et zone du nerf sciatique principalement), d’autres ressentiront davantage de douleurs au niveau de la nuque (zone cervicale). Le haut des épaules (zone des trapèzes), ainsi que les omoplates et zones périphériques peuvent également être lésées. Au départ, on a un peu mal, on va naturellement compenser à d’autres endroits pour se soulager… Pour ensuite constater que les douleurs vont s’intensifier ou se déplacer. Dans le monde du cheval, s’arrêter quelques jours relève de l’impossible. À moins d’avoir une jambe plâtrée ou d’être immobilisé à l’hôpital, les “femmes et hommes de cheval” ne connaissent ni arrêt maladie ni semaine complète de repos. Les traits sont volontairement accentués, mais l’idée semble vraie dans de nombreuses situations.
Se poser quelques instants et déterminer dans un premier temps, pourquoi a-t-on mal ?
Quelques minutes suffisent pour se concentrer sur la douleur ressentie. Est-elle posturale ? Survient-elle en fonction d’un mouvement particulier ? Persiste-t-elle même lorsque l’on reste dans une position statique ? Une chutte est-elle à l’origine du mal ?
En soi, comment expliquer le mal de dos ?
Les douleurs dorsales sont avant tout liées à des contractions, elles-mêmes liées à des inflammations plus ou moins importantes. Des chocs, des mouvements répétitifs, une mauvaise exécution de certains gestes, et parfois aussi un manque de gainage musculaire sont à incriminer. Le phénomène de compensation est aussi une source de douleur bien souvent négligé. On part d’une douleur réelle, présente, et naturellement des positions et postures antalgiques seront adoptées par l’individu lésé, afin de soulager la zone douloureuse. Cela induit inévitablement par la suite de nouveaux inconforts physiques.
Les habitudes ont la vie dure…
Le manque de temps, le besoin de ne pas s’arrêter, la peur de devoir ralentir la cadence de travail, sont des arguments parfaitement recevables, de surcroît lorsque l’on se trouve dans le monde du cheval. Aller chez le médecin ? Douce chimère pour beaucoup de cavaliers… Séance ostéo ? Étonnamment cette alternative séduit de plus en plus de personnes, et cela mène à de très positives issues. À condition toutefois que cela s’accompagne de nouvelles habitudes quotidiennes. Paris ne s’est pas faite en une messe, c’est bien connu.
Éviter les caches misère
Épisodiquement ou régulièrement, le recours à des anti douleurs et anti inflammatoires est nécessaire (sous couvert d’une prescription médicale). Rester à souffrir plus ou moins intensément n’est pas la solution idéale. Cependant, si ces alternatives ne sont pas associées à des exercices de gainage, d’assouplissement, ou d’une nouvelle gestion de l’activité physique et posturale - il est à noter que les douleurs finiront par se manifester à nouveau.
Anti douleurs na-tu-rels !
Si vos douleurs sont d’origine musculaire ou tendineuse : en massage, ne pas hésiter à se procurer de l’huile essentielle de romarin à camphre. Odeur agréable et effet chauffant des plus agréables ! Il est possible d’y associer de l’essence de niaouli.
Si vos douleurs sont d’origine articulaire : en comprimés ou en gélules, l’harpagophytum connaît un énorme succès même auprès des chevaux ! Neutre à l’égard du tube digestif, cette plante est un condensé de bonnes choses. Pour l’aspect antalgique uniquement, la racine de suma en gélules proposera également un effet tonique. Feuilles de cassis et prêle en infusions sont aussi d’excellents remèdes en cas de douleurs articulaires.
Étonnants mais faciles à se procurer, tout en étant agréables à consommer :
- Les poivrons rouges ! Contenant de la capsaïcine (analgésique naturel), vous ferez du bien à votre organisme sans avoir le sentiment de vous “droguez”!
- Le gingembre : sans surprise, car utilisé à différentes fins et depuis des siècles, le gingembre peut s’utiliser localement, en infusion et en ingestion. Anti inflammatoire naturel et analgésique, il soulage les douleurs articulaires.
- Selon la saison, les cerises : bourrées d’anthocyanes (antioxydant) En clair, on fait plaisir à son palais et on contribue l’entretien de nos tissus corporels!
- L’ananas : contenant de la broméline, il favorise la résorption des hématomes (bon à savoir suite à une chute ou à un coup).
Mouvements et exercices
Avant toute chose, il est important de ne pas se faire davantage de mal avec des mouvements basiques. En se baissant, privilégier la flexion des jambes plutôt que de courber le dos. À fortiori s’il s’agit de porter des choses (lourdes ou non). Ne pas se surestimer physiquement. Oui il est important d’optimiser les mouvements, de s’éviter des aller retours lorsque cela est possible, et parfois il peut s’avérer plus judicieux de marcher avec peu de poids dans les bras ou à tirer - plutôt que de forcer ! Élémentaire mais dans le feu de l’action, on peut oublier de se ménager. Il peut arriver que malgré une activité physique soutenue et régulière, certains endroits du corps puissent manquer de muscles. Très simplement, des douleurs dans le bas du dos peuvent s’expliquer par un manque de muscle autour de certaines vertèbres. De bonnes séances de gainage donneront d’excellents résultats et auront le mérite de solliciter différemment plusieurs parties de votre corps. Les échauffements… sont plus que recommandés, mais négligés par manque de temps. Or, un cavalier en début de journée, devrait lui aussi effectuer sa “détente” en début de séance. Quelques secondes seulement suffisent pour s’échauffer et s’étirer en fin de journée. Une fois cette routine lancée, l’habitude deviendra agréable et indispensable !
Exercices du “matin” (matin ou avant de se lancer dans l’activité physique)
- Rotations douces des bras, du cou, des épaules. Dans les deux sens, à raison minimum de deux séries de 10 dans chaque sens.
- On s’asseoit et on étire très fort les bras vers le haut. Visualiser une ficelle qui tire la tête vers le haut également, on commence à sentir les omoplates. Bien respirer tout en essayant de ressentir les coudes se dénouer, les omoplates se rapprocher avec souplesse. Procéder à l’exercice progressivement, en respirant profondément, même si cela n’a l’air de rien! 4 ou 5 séries de quelques secondes, constituent un bon départ.
Deux mini exercices qui déjà seront mieux que rien :-)
Exercices post-activité physique, ou à réaliser le soir, afin de faire de légers étirements
- À genoux au sol, se pencher vers l’avant sans décoller les fesses des talons, et étirer les bras loin devant soi. Ultra simple à réaliser, basique et très rapide, cette posture s’associe à une respiration longue et profonde. Toute la ligne de dos va pouvoir s’étirer et se dégager des tensions de la journée.
- Le fameux gainage: à plat ventre, sur des avant bras fléchis, et sur la pointe des pieds, décoller progressivement le bassin et les genoux. Tenir 20 à 30 secondes, puis relâcher progressivement. Attention à ne surtout pas se cambrer. Reproduire 3 à 5 fois, avec 20 secondes de pause. L’exercice est possible en se mettant sur le dos, bras le long du corps, jambes fléchies. L’idée est de lever le bassin et d’obtenir un alignement tronc-bassin-cuisses, et de maintenir la position en contractant bien les fesses.
Objectivement, ces quelques idées d’exercices ne prennent tout au plus que quelques minutes. Challengez vous sur une semaine, et tentez de voir si votre dos est moins contracté à l’usage. Il faut penser “épargne” et “entretien” lorsqu’il est question du corps. Ainsi, en commençant par prendre ces quelques habitudes, la logique s’installera petit à petit. Bien évidemment, il y a de très nombreux exercices qui existent pour l’entretien du dos. Les meilleurs interlocuteurs resteront les ostéopathes, kinés, chiropracteurs, et vertèbrologues et médecins du sport. En cas de douleur, ils seront vos meilleurs alliés, et vos chevaux vous remercieront également… Un cavalier bien son corps, détendu, c’est la clé de la réussite avec binôme cheval !