La race Trakehner est à l’honneur aujourd’hui sur Equirodi ! Les férus de dressage doivent penser au célèbre Gribaldi (par Kostolany et Gondola II par Ibikus) avec qui Edward Gal a pu s’attribuer de très honorables places en concours internationaux. Cet éminent étalon, grâce à ses très nombreuses qualités, a même été approuvé KWPN, et ce sont surtout ses aptitudes à la reproduction qui ont fait de lui un véritable emblème dans le monde du dressage. Totilas (Gribaldi et Lominka par Glendale), autre cheval dont la renommée sur les compétitions de dressage fut plus qu’avérée, a également prouvé que des origines Trakehner pouvaient avoir une résonnance particulièrement précieuse.
Comment cette race originaire de l’est de l’Europe a-t-elle pu être à la source de si bons produits ? Quelles sont ses particularités ? Focus sur ce cheval empreint d’influences plutôt hétéroclytes, qui propose un grand nombre de richesses à qui sait le comprendre.
Caractéristiques de la race
Avec des tailles pouvant aller d’1m60 à environ 1m70, les Trakehner peuvent s’adresser à différents gabarits de cavalier(ère)s. Réputés pour leurs lignes harmonieuses, ils disposent en plus d’un physique très chic, d’une tête fine et expressive. En fonction de leur conformation naturelle, du niveau et de la qualité de leur travail, on remarque une encolure naturellement bien orientée et propice à s’étoffer.
Les représentant(e)s de la race possèdent une épaule profonde dont l’inclinaison favorise une belle amplitude de mouvements. Leurs membres sont typiquement droits et campés sur de courts canons. L’arrière main, relativement large et puissante, achève le dessin d’un dos ni trop court ni trop long. Associée à de solides jarrets, cette arrière main puissante et souple permet à la race de disposer d’une belle propulsion, et ainsi, de faire montre d’allures très élégantes.
Puissance et habilité pourraient être des qualificatifs adéquats dans la description de ces chevaux aussi à l’aise en dressage qu’à l’obstacle. Le Trakehner a un équilibre inné, cela ajouté à ses autres prédispositions physiques lui confère une réelle polyvalence. Les robes dites simples sont toutes admises.
Du côté de son tempérament, l’appréciation se fait bien entendu au cas par cas, toutefois on note que ces chevaux sont vifs, intelligents et généreux. Par ailleurs, ils dégagent beaucoup de patience tout en restant concentrés et c’est bien là un avantage dans ce qui constitue l’apprentissage du dressage. Ce sont également des chevaux réputés robustes, dont la constitution et la santé se distinguent par leur résistance.
Origines et particularités des chevaux Trakehner
Les origines du Trakehner remontent au 12ème siècle, au sein de l’Empire romain germanique, puis de la Prusse. La Prusse, territoire aujourd’hui démantelé mais que l’on peut situer sur plusieurs provinces allemandes, sur une grand partie de la Pologne et sur un morceau de la Russie. L’ancêtre qu’on lui connaît s’appelait le Schwaike (descendant d’ailleurs du cheval Tarpan). Ce petit cheval sculpté par les intempéries, et de rares saisons chaudes, était apprécié des chevaliers. Endurant, léger, et rustique, il ne fut pas étonnant que les hommes firent leur possible pour préserver les qualités du cette race.
C’est au 16ème siècle, à l’issue de différents croisements, qu’il y eut une évolution dans le modèle de ce cheval afin qu’il soit en mesure de porter les guerriers et leurs lourdes armures.
L’année 1732 marque un tournant marquant dans l’établissement à proprement parler de la race Trakehner. Sous la houlette du roi Frédéric-Guillaume 1er, le Haras Royal de Trakehnen est fondé au centre de la province. Trakehnen a d’ailleurs porté son nom jusqu’au milieu du 20ème siècle (le haras a été démantelé à cette même période), pour ensuite être baptisée Iasnaïa Poliana (village situé aux confins de la Russie). Le Haras était donc mandaté pour fournir la Cour en chevaux agiles, confortables et rustiques afin d’être préposés aux parades et aux carrosses. Les croisements étaient simples : de nombreuses importations d’étalons orientaux, et de juments anglaises, danoises, et turques vinrent compléter la production.
Il a fallu attendre une cinquantaine d’années (fin des années 1780) pour que l’accent soit expressément mis sur l’amélioration et la précision des critères propres à la race. Les sélections se sont durcies, et de nombreux reproducteurs furent évincés, au profit de chevaux aux origines plus précises. C’est à ce moment que fut créé la marque de la race : le bois d’élan. Dès lors, un grand nombre d’étalons produits partait pour les différents dépôts du territoire. Les mélanges étaient finalement simples, on associait aux juments locales trois races d’étalons. Des pur sang arabes, dont l’esthétisme et l’équilibre n’étaient pas à démontrer, des pur sang anglais qui amenait de la taille, de la résistance et qui apportaient une dimension sportive, ainsi que des anglo arabes issus dans une certaine proportion de pur sang anglais.
La période du 19ème siècle a de fait profondément ancré les standards de la race Trakehner, car plusieurs centaines d’étalons éponymes étaient mis à disposition des différents éleveurs.
La fin du 19ème siècle et le début du 20ème ont marqué le développement de l’agriculture et conséquemment, avant l’automatisation des outils, les chevaux étaient toujours indispensables dans les champs. Il fut donc question d’élaborer des modèles plus osseux et plus puissants, sans mettre de côté le sang et la tonicité. Cela eut le mérite de consolider davantage l’aspect polyvalent de la race.
La seconde guerre mondiale eut un impact considérable sur la race Trakehner. Le haras de Trakehnen tente d’évacuer ses chevaux, mais l’entreprise ne fut pas des plus aisées. L’enjeu était surtout de s’éloigner de l’armée rouge, et de se diriger vers l’ouest ! Seule une infime partie des chevaux parvint à atteindre le nord de l’Allemagne. Cette période de guerre fut un fléau pour la population de chevaux qui non seulement avaient du fuir l’armée soviétique dans des conditions effroyables, mais qui furent surtout réquisitionnés et abattus pour nourrir les hommes ou bien servir aux champs. Seuls quelques centaines de Trakehner eurent le privilège de rester en vie. Bien maigre bilan au regard des milliers d’individus qui constituaient la race moins de cinquante ans auparavant.
Le Trakehner Verband, studbook de la race, fut créé en 1947 afin de conserver les propriétés des Trakehner, mais aussi développer l’élevage et ses critères inhérents. Les éleveurs situés dans d’autres pays, organisés en différentes associations, doivent être agréés par le Trakehner Verband pour être autorisés à marquer leurs produits du bois d’élan.
Un succès
En reprenant les pans de l’Histoire qui ont marqué la race Trakehner, on comprend sans difficulté pourquoi ces chevaux ont aussi brillamment traversé les âges. Les critères de préservation toujours d’actualité aujourd’hui ont sans équivoque le mérite de favoriser une production de qualité, qui vit avec son temps tout en faisant écho aux aptitudes qui étaient recherchées il y plusieurs siècles.
Un Trakehner de taille moyenne pourra ravir les jeunes adultes au moment de leur passage à cheval. Les passionnés de Dressage trouveront en cette race de fabuleux partenaires de jeu et de travail, grâce à une éducation ad hoc. Les cavaliers de complet constateront courage, endurance, amplitude et polyvalence chez le Trakehner. Il est intéressant d’autre part de garder en tête que ces chevaux peuvent parfois être tardifs, et qu’il faut les laisser grandir correctement physiquement avant de les solliciter, et de chercher à en tirer le meilleur.
Vous êtes propriétaire ou cavalier(ère) d’un Trakehner ? Que pensez vous de ce cheval et que pourriez vous conseiller à celles et ceux qui s’intéressent de près à cette race ? N’hésitez pas à nous témoigner vos expériences !